Mgr. Francesco Savino, évêque de Cassano all’Ionio et vice-président de la CEI (Conférence épiscopale Italienne) s’est entrentenu le 25 octobre 2025 avec Emanuele Armentano, directeur du media local en ligne italien Dirittodicronaca.
Mgr Savino avait célébré à Rome le 6 septembre 2025 une messe pour les pèlerins des associations LGBT du monde entier réunies à l’occasion du Jubilé, à laquelle plusieurs membres de Reconnaissance avaient assisté.
Nous reprenons ici un article paru sur le site de GNRC (Global Network of Rainbow Catholic) qui revient sur cet entretien (traduction française) :
« Chers amis,
Ce à quoi beaucoup d’entre nous avons discrètement œuvré à travers l’Europe commence à porter ses fruits. Nos prières, nos témoignages, notre présence patiente en tant que chrétiens fidèles et pleins d’espérance aident l’Église à reconnaître en nous un désir sincère de vivre notre foi.
Cette semaine, Mgr Francesco Savino, vice-président de la Conférence épiscopale italienne, a rappelé au monde que nul ne devrait être privé du droit d’aimer et d’être aimé. S’exprimant depuis Cassano all’Ionio, il est revenu sur son expérience à la tête du Jubilé des personnes LGBTQ+ à Rome et a déclaré :
« Il ne faut pas leur refuser la possibilité d’être aimés et d’aimer, même sur un plan intime et sexuel. Pourquoi devrions-nous leur refuser ce que je définis comme leur droit ? »
Savino a décrit ce Jubilé comme « un tournant décisif pour une pédagogie inclusive de l’Église ». Il a appelé à un dialogue renouvelé avec les sciences humaines, insistant sur le fait que l’anthropologie n’est pas figée mais en constante évolution. « Nous devons abandonner les approches idéologiques », a-t-il déclaré, « et réapprendre à accompagner ». Il a dénoncé l’hypocrisie de ceux qui marginalisent publiquement les personnes LGBTQ+ tout en les exploitant ou en leur faisant du mal en privé, et a exhorté à fonder le témoignage chrétien sur l’honnêteté et la compassion.
Il a lié cette vision inclusive à l’idée de « convivialité des différences » de Don Tonino Bello , ajoutant que « la maturité de la démocratie et de l’Église elle-même dépend de la communion des diversités ». Pour Savino, l’inclusion n’est pas une simple bienveillance facultative, mais la manifestation même du Royaume de Dieu : « Lorsque nous excluons quelqu’un, nous blessons le corps du Christ. »
On pourrait se demander s’il s’agissait d’un acte de courage isolé. Il n’en était rien. Mgr Savino a confié avoir consulté le pape François et le pape Léon XIII avant de présider le Jubilé, et que tous deux l’avaient encouragé à poursuivre sa décision. Cela confère une légitimité institutionnelle indéniable à son choix et confirme la prise de conscience croissante au sein de l’Église que l’Esprit Saint œuvre dans cette direction.
Puis vint l’un des moments les plus marquants de l’entretien. Abordant la question de la doctrine, Savino déclara :
« Je crois que certaines vérités de foi, ou par exemple notre attitude envers nos frères et sœurs homosexuels, doivent changer, et que par conséquent le Catéchisme doit aussi clairement consigner ce changement de position. »
Pour un évêque de l’Église italienne et vice-président de la CEI, c’est extraordinaire.
La vision de Savino va encore plus loin. Il appelle l’Église à affronter les grandes crises de notre temps avec la même ouverture. Il condamne l’égoïsme, le narcissisme et la peur comme racines de l’exclusion, et défend l’immigrant comme une ressource et non une menace. Pour lui, l’inclusion n’est pas une position politique, mais un impératif évangélique.
Pour GNRC et son réseau de communautés, ce moment est profondément encourageant. Il témoigne que la présence fidèle, le dialogue patient et l’amour courageux transforment peu à peu l’Église de l’intérieur. Nombreux sont nos amis au sein de l’Église qui voient la lumière dans nos vies et savent que notre espérance est la même qui les soutient.
Il nous appartient désormais de poursuivre cette réflexion. Comment pouvons-nous aider nos églises locales à mieux appréhender cette réalité ? Comment pouvons-nous nous présenter non pas comme des personnes LGBT+ cherchant à être acceptées, mais comme des chrétiens qui se trouvent également être LGBT+ – des personnes qui aiment, soutiennent et renforcent les communautés auxquelles nous appartenons ? »