Nous reproduisons ci-dessous un article publié sur Vatican News en novembre 2023. Il évoque le baptême des personnes transgenres (et non transsexuelles comme titre maladroitement l’article : en effet ce mot n’est plus utilisé aujourd’hui car il suggère que l’aspect biologique définit pleinement la personne. Ce faisant, il exclut les jeunes trans qui n’ont pas entrepris de transition médicale et n’ont pas l’intention de le faire, bien que leur transition sociale soit faite). On pourra regretter que le texte n’aborde pas les autres sacrements qui laisse les jeunes catholiques transgenres souhaitant faire leur première communion ou leur confirmation, ainsi que leurs parents et leurs aumôniers, sans repères et mal préparés à accueillir ces jeunes dans la communauté chrétienne. On s’étonne aussi de voir le mot « scandale » répété à plusieurs reprises, suggérant que les enfants et adolescents transgenres mèneraient une vie de débauche, de péché, alors même qu’ils n’ont bien souvent pas entamé leur vie affective, et souhaitent simplement suivre le Christ et faire partie de la communauté chrétienne dans laquelle ils ont été éduqués, au même titre que leurs frères et soeurs, amis et famille.
Les personnes transsexuelles peuvent recevoir le baptême
Vatican News
Les personnes transsexuelles, même si elles ont subi un traitement hormonal ou une chirurgie de réassignation sexuelle, peuvent recevoir le baptême «s’il n’y a pas de situations dans lesquelles il existe un risque de scandale public ou de désorientation des fidèles». Les enfants de couples homosexuels peuvent recevoir le baptême même s’ils sont nés d’une mère porteuse, à condition qu’il y ait un espoir fondé qu’ils soient éduqués dans la foi catholique. C’est ce qu’affirme le dicastère pour la Doctrine de la foi dans une note signée par le préfet Victor Manuel Fernandéz, approuvée par le Pape le 31 octobre.
Les questions d’un évêque brésilien
En juillet dernier, Mgr José Negri, évêque de Santo Amaro au Brésil, avait demandé des éclaircissements sur la possible participation aux sacrements du baptême et du mariage des personnes transsexuelles et homosexuelles. Les réponses «reproposent, en substance, le contenu fondamental de ce qui a déjà été affirmé dans le passé à ce sujet par ce dicastère».
En ce qui concerne le baptême d’une personne transsexuelle, la réponse est oui, à condition qu’il n’y ait pas de scandale. Et ce, qu’il s’agisse d’un adulte, d’un enfant ou d’un adolescent, «s’il est bien préparé et disposé». Le dicastère pour la Doctrine de la foi, face à des doutes «sur la situation morale objective dans laquelle se trouve une personne», ou sur «ses dispositions subjectives à la grâce» (et donc aussi lorsque l’intention de s’amender n’apparaît pas pleinement), propose certaines considérations. L’Église enseigne que, lorsque le sacrement du baptême «est reçu sans repentir pour des péchés graves, le sujet ne reçoit pas la grâce sanctifiante, bien qu’il reçoive le caractère sacramentel», qui est indélébile, comme il est écrit dans le Catéchisme, et «demeure pour toujours dans le chrétien comme une disposition positive à l’égard de la grâce». À travers des citations de saint Thomas et de saint Augustin, le dicastère rappelle que le Christ continue de chercher le pécheur et que, lorsque vient le repentir, le caractère sacramentel reçu dispose immédiatement à recevoir la grâce. C’est pourquoi le Pape François a répété à plusieurs reprises que l’Église n’est pas une douane et que, notamment en ce qui concerne le baptême, la porte ne doit être fermée à personne.
Il est en revanche plus difficile pour une personne transsexuelle d’être parrain ou marraine de baptême.
«Sous certaines conditions, cela peut être autorisé», lit-on dans le document, mais il est rappelé que cette tâche ne constitue pas un droit et que, par conséquent, «la prudence pastorale exige qu’elle ne soit pas autorisée s’il existe un risque de scandale, de légitimation indue ou de désorientation dans la sphère éducative de la communauté ecclésiale». Il n’y a pas d’obstacle à ce que la personne transsexuelle soit témoin d’un mariage car rien ne l’interdit dans la «législation canonique universelle actuelle».
Les enfants de couples homosexuels
Une deuxième partie de la note concerne les personnes homo-affectives. Peuvent-elles apparaitre comme parents d’un enfant à baptiser, même s’il a été adopté ou obtenu par «d’autres méthodes comme la gestation pour autrui»? Oui, répond le dicastère, avec une précision: pour que «l’enfant soit baptisé, il faut qu’il y ait l’espoir fondé qu’il sera élevé dans la religion catholique».
Vient ensuite le cas d’une personne homo-affective et cohabitante qui demande à être parrain ou marraine d’une personne à baptiser. Dans ce cas, il est demandé à la personne homosexuelle de mener «une vie conforme à la foi et à la charge qu’il assume». «Il en va différemment, explique le document, lorsque la cohabitation de deux personnes homosexuelles consiste en une relation stable et déclarée ‘more uxorio’, bien connue de la communauté». Le dicastère pour la Doctrine de la foi invite à procéder avec prudence afin de «sauvegarder le sacrement du baptême et surtout sa réception, qui est un bien précieux à protéger, puisqu’il est nécessaire au salut». Mais il rappelle qu’il faut «considérer la valeur réelle que la communauté ecclésiale confère aux devoirs du parrain et de la marraine, le rôle qu’ils jouent dans la communauté et la considération qu’ils manifestent à l’égard de l’enseignement de l’Église». Enfin, il est suggéré «qu’une autre personne du cercle familial puisse se porter garante de la bonne transmission de la foi catholique au baptisé».
Enfin, rien n’empêche «une personne homo-affective et cohabitante» d’être témoin de mariage.