« C’est une très très grosse avancée », salue Alphonse Gourlain, membre du Conseil d’administration du mouvement NSAE (Nous sommes aussi l’Église), qui se dénit comme « ouvert sur toutes les questions mondiales, sociétales, économiques et écologiques ». Lundi, le Vatican a publié un texte autorisant ociellement la bénédiction des couples « irréguliers ». Cela concerne les couples non-mariés, remariés ainsi que les couples de même sexe. « C’est une étape, un signe de reconnaissance de la part de l‘Église de ce que sont les personnes LGBT dans leur entièreté », se réjouit également Elvire Thonnat, cofondatrice de Reconnaissance, une association qui regroupe des chrétiens engagés dans l’Église catholique, parents de personnes homosexuelles. « Cette décision va soulager un certain nombre de personnes dans ces situations, qui souhaitaient participer à la vie ecclésiale d’une manière ordinaire et s’en trouvaient rejetées jusqu‘à maintenant », considère Alphonse Gourlain. « À partir du moment où les bénédictions sont autorisées, pour les personnes homo’, ça va être l’occasion de reprendre contact à visage découvert avec l’Église, avec des prêtres, avec leur paroisse. C’est une occasion de rencontre et ils ne seront plus obligés de se cacher », abonde Elvire Thonnat.
Des limites importantes
La bénédiction de ces couples « irréguliers » restera néanmoins très encadrée. Selon le texte, il sera possible de bénir les couples en situation irrégulières et les couples de même sexe « sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, an de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage ». « Cette bénédiction ne sera jamais accomplie en même temps que les rites civils d’union, ni même en relation avec eux. Ni non plus avec des vêtements, des gestes ou des paroles propres au mariage », indique encore le texte. « Une telle bénédiction peut en revanche trouver sa place dans d’autres contextes, comme la visite d’un sanctuaire, la rencontre avec un prêtre, une prière récitée en groupe ou lors d’un pèlerinage », précise le Vatican« Il y a encore plein de boulot à faire » « Dans le texte, à un moment on parle de “péché”. On ne peut pas qualier de péché une orientation sexuelle qui est propre à chacun. Il y a encore à avancer pour qu’on eace ce terme dans les situations de conduite homosexuelle comme dans les autres situations de couple qui sont diverses », remarque Alphonse Gourlain. « Il y a un rappel de la condamnation morale de l’homosexualité qui demeure. On souhaiterait un vrai travail théologique sur la question de la morale sexuelle et le texte ferme un peu la porte sur cette question-là, mais c’est sans doute aussi pour ménager les résistances conservatrices », analyse Cyrille de Compiègne, porte parole de l’association LGBTI+ chrétienne David & Jonathan.
» Il y a encore plein de boulot à faire »
Dans le catéchisme de l’Église catholique, il y a des mots très durs sur les personnes homosexuelles, la question des relations sexuelles… », reconnaît également Elvire Thonnat. Les associations attendent notamment de voir comment le texte sera mis en oeuvre dans les Églises. « Le texte ouvre une possibilité mais c’est du ressort des prêtres et des diacres de la mettre en place. Il y a une inventivité à avoir en termes de pratiques pour rester dans les clous et proposer un cérémonial de bénédictions », observe Cyrille de Compiègne. Le militant se veut toutefois conant : « Jusque-là, les bénédictions se faisaient de manière très ocieuse car on connaissait intimement le prêtre ou qu’on savait que le prêtre était friendly. Là, ça ouvre la porte à ce que des couples puissent solliciter directement un prêtre o un diacre pour une bénédiction, donc on peut espérer que ça facilite les choses ».