« Bonjour,
Je viens vous faire un « petit » feed-back du Colloque, parce que franchement vous le méritez plus qu’amplement !
Tout d’abord, bien évidemment, je vous remercie de m’avoir invitée à assister à ce colloque, comme je vous l’avais dit j’étais réticente à cause de cette forte connotation à l’Eglise … et en effet ça l’était quand même beaucoup. Mais les choses sont amusantes et jamais par hasard. En sortant du colloque, j’ai pu me dire qu’il m’a –aussi- apporté un début de réconciliation avec l’Eglise.
En effet, deux prêtres sont venus me parler samedi… et j’étais assise à côté d’un troisième avec qui j’ai pu échanger quelques mots. J’ai pris alors la mesure de ce que je ne croyais plus possible : il y a des prêtres ouverts, courageux, qui avancent, et qui travaillent à ce que les mentalités et l’église changent et ça m’a fait beaucoup de bien de les entendre. Alors merci déjà pour cela.
L’intervention du matin était passionnante, comme toujours, et j’avoue que je vous aurais bien écoutée encore au moins une heure de plus ! Le prêtre à côté de moi a adoré votre conclusion, l’a trouvée très forte, ma mère aussi.
Je dois dire qu’à chaque fois, ce que vous dites est 100% très juste et dans la réalité des choses de ce que les personnes homosexuelles vivent, et ma mère m’a dit qu’elle s’était reconnue à 100% du côté des parents.
Au final, je ne sais pas bien si les deux parties arrivent à se rencontrer malgré tout, chacun restant sans doute sur ses positions de souffrance. C’est ce que je ressens un peu du côté de ma mère. Mais peut être je me trompe, je ne peux parler que de mon ressenti.
J’ai beaucoup aimé l’intervention du Père Joël aussi, plein d’humour, de sagesse, mais aussi plein d’espoir et de bon sens. Ça fait du bien ! Sa lecture différente de la Bible est plutôt rassurante et a apporté un éclairage vraiment utile.
Il y a eu ce moment où les intervenants ont parlé de mystère de l’homosexualité, et peut être d’une grâce ou d’un cadeau de vivre cela. J’avoue que ça résonne beaucoup en moi. Je n’avais pas imaginé ce point de vue. Je ne voyais que la face négative. Celle de la singularité, de la marginalité qui me montre du doigt et qui fait forcément de moi, quelqu’un de mal, ou de malade, de déviant. Je n’avais pas pensé que cela pouvait, sait-on jamais, être une épreuve mais donc aussi une grâce de grandir autrement et d’apporter aussi ma petite pierre à ma façon.
Parce qu’en effet, j’aurais bien aimé poser la question pendant le petit groupe sur « comment se construit l’identité sexuelle » parce que vous avez dit que ça n’était jamais un choix, mais un fait. J’avais toujours cru, pour moi, que j’avais délibérément choisi un jour de sauter le pas avec une femme et que j’avais alors peut être « loupé une marche » comme je dis. Je commence à comprendre que non c’était en moi véritablement. Je l’avais d’ailleurs bien enfoui à mes 17 ans et pendant des années. Je peux commencer à me dire que je n’ai pas fait de mauvais choix. C’était ça ma vie, ce que je devais traverser et c’est bien de le voir ainsi.
Ce que je peux vous témoigner en tous les cas, c’est que pendant les poses ou groupes, j’ai entendu bien souvent les gens dirent cette chance qu’il existe des personnes pour faire bouger les choses, et organiser pareille conférence et aider les rencontres, aider les autres sur ce sujet de l’homosexualité. (…)
Vous savez, je me suis fait cette réflexion une fois seule chez moi. En voyant tous ces gens arriver, j’ai été étonnée de voir autant de personnes qui, on le voyait, circulaient dans les milieux catholiques. Je me suis sentie au début comme prise au piège, parce qu’ils représentent ceux qui me rejettent et me font peur en un sens. Mais, je me suis ensuite dit qu’en fait, ce sont ces gens-là précisément qui me manquent, ceux que j’ai toujours connu, mais dont je me suis éloignée. Alors ça aussi c’est un changement pour moi et un nouveau cheminement qu’il va falloir que j’envisage.
Les témoignages à la fin étaient poignants et plein d’espoir, me concernant. Pour diverses raisons, ils m’ont donné le sentiment que rien n’est perdu. Le récit du compagnon de Michel qui a tant résonné en moi, et celui de cette femme pétillante et qui racontait sa façon dont elle avait trouvé le moyen de vivre une autre fécondité. J’ai vraiment pris ça comme un autre éclairage de ma propre non-fécondité et comment je peux l’être d’une toute autre manière.
Voilà, vous avez semé des tas de petites graines encore hier, elles feront un jour de belles fleurs et une prairie aux milles parfums. Je peux vous dire que tout cela a un sens formidable! »