Célibat perçu comme toxique, violences sexuelles et sexistes tues par l’Église, mais aussi refus d’ordination des femmes, luttes politiques contre toute reconnaissance de la conjugalité et de la parentalité homosexuelles… Autant de raisons de remettre en cause la figure du prêtre catholique au sein de sociétés occidentales largement sécularisées. Cet homme qui porte la robe, fait le serment de renoncer à toute sexualité mais donne l’impression de dicter celle des autres, est-il un homme comme les autres ?
Dans un contexte marqué par la perte d’emprise de l’Église et par l’émergence de la « démocratie sexuelle », Josselin Tricou analyse la trajectoire sociohistorique de cette forme de masculinité. Il montre les efforts de l’appareil catholique pour contrer sa disqualification tout en perpétuant un ensemble de normes faisant du mariage hétérosexuel une institution naturelle. Or, plus l’Église refuse l’idéal d’égalité entre les sexes et les sexualités, plus elle prend le risque d’attirer l’attention sur la sexualité et le genre si particuliers du prêtre.
Josselin Tricou est docteur en science politique et études de genre de l’université Paris 8. Il a participé aux recherches de l’Inserm pour le compte de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église. Il est maître-assistant en sociologie des religions et des nouvelles spiritualités à l’université de Lausanne en Suisse.
Préface d’Éric Fassin